მარტოობა.
Mart’ooba. C’est le nom que la Géorgie donne à sa solitude.
En plein coeur des montagnes caucasiennes, pile entre Orient et Occident, la Géorgie brille comme l’étoile solitaire d’une constellation oubliée.
Depuis sa libération en 1991, les fractures à répétition ont tissé son identité mouvante.
Des souffles politiques ont balayé son paysage, les présidents successifs s'échinant à moderniser et démocratiser, éclaboussés d'accusations corrompues et d'autocraties fugaces. La gouvernance chancelante a lézardé la crédibilité du pouvoir, effritant la confiance des citoyens en quête de repères.
Aux brisures politiques vient s’ajouter un bouillonnement sociétal incessant. Ethnies, cultures et confessions plurielles cohabitent sous un ciel constamment orageux. Parfois paisiblement, parfois moins. La tempête de 2008 a provoqué la perte de l’Ossétie du Sub et de l’Abkhazie, deux solitudes déclarées indépendantes par la Russie, mais reconnues par une poignée de nations seulement.
La poudre des conflits a dynamité les emplois, les perspectives d’avenir et les sourires de Tbilissi à Borjomi.
Pourtant, malgré les failles béantes, la lueur se fraie un chemin. L’économie reprend son souffle, l’espoir renaît, comme une fleur posée par un inconnu sur le pare-brise d’une épave. Le quotidien fait ce qu’il fait de mieux : reprendre son cours. Le tumulte reste, mais il se traverse aujourd’hui avec fierté.
Ce tohu-bohu d’images fait écho au vacarme silencieux de la Géorgie actuelle. Fruit de 3 voyages entre 2018 et 2020, chacune d’elles s’écrit avec une fracture majuscule : qu’il s’agisse de l’amertume persistante des aînés envers l’Union soviétique, de l’adolescence dérobée des plus jeunes, du silence au-delà de ses frontières.
Le rouge y occupe une place discrète mais révélatrice : à la fois ardeur en quête d’un lendemain meilleur, et sonnette d’alarme d’un passé encore trop présent.
Accueilli sur place par Elena, amie belgo-géorgienne, j’ai tenté de figer une réalité complexe mais fondamentale. Au fil de discussions délirantes à Tbilissi et Tskaltubo, de repas farfelus à Chiatura, de verres levés à la santé de n’importe quel Saint de Batumi, j’ai voulu révéler l’éclat fragile du quotidien géorgien.
PHOTOS/PICTURES: MAXENCE DEDRY
TEXTE/TEXT: PAOLO DAGONNIER & MAXENCE DEDRY
REMERCIEMENTS/ACKNOWLEDGEMENTS: Elena Mikaberidze, Denis Pepic, Jean-Luc Deru, Paolo Dagonnier, Matthieu Litt, Jérémy Goffart, Vincent Beeckman, Kathleen Wuyard & Clément Jadot, Ulysse Gilbert Castel
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